14. Twin peaks saison 2 (partie 1)

 

Genre : Policier étrange

Année : 1990. Une création de Mark Frost et David Lynch pour ABC.   Episodes 8 à 18.

L’histoire : Un agent du FBI est envoyé dans un village afin de résoudre le meurtre mystérieux d’une jeune fille.

Critique de Ber :

Lynch prend les manettes du premier épisode et, à l’instar du pilote de la série, il nous offre 1 h 30 de pur bonheur mystico-policier.  Le pendant de la fameuse scène du rêve de Cooper avec le nain frétillant de la première saison s’offre à nous sous les traits d’une hallucination de l’agent du FBI, en train de se vider de son sang, où il reçoit quelques indices des lèvres d’un géant à la langue bien pendue.

Ce qui est génial avec Twin Peaks, c’est qu’au lieu d’éclairer totalement toutes nos interrogations (genre, on ne saura jamais vraiment qui a tiré sur Cooper !), la série n’hésite pas à brouiller les pistes dans un registre à haute teneur en bizarrerie.

Dès le début, le tueur est quand même clairement identifié en la personne de Bob : on le voit assassiner Laura Palmer avec une sauvagerie bestiale dans le wagon abandonné dès le premier épisode de cette saison.

Là où cela se complique, c’est que ce Bob est plus une entité maléfique qui prend possession des gens qu’une véritable personne. Son ombre va planer sur tous les épisodes. La série prend alors un virage très sombre.

Sincèrement, je n’ai jamais autant frémit devant une série à la télévision.

Certaines scènes, à base de cris gutturaux nimbés d’un effet ralenti des plus inquiétants, fonctionnent du tonnerre. Chaire de poule garantie !

L’agent Cooper joue maintenant plus le rôle de personnage assez passif qui subit plus les événements qu’il ne les anticipe. Cette ambiance glauque montera crescendo jusqu’ à atteindre son apothéose dans les épisodes 15 et 16.

On assistera, en direct, à un nouveau meurtre et le coupable montrera son vrai visage.

Je ne peux en dire plus pour ne pas tout gâcher mais je voudrai insister sur toute la partie qui suit l’arrestation du meurtrier sous l’influence de Bob.

Il trouvera son salut dans les bras d’un agent Cooper qui passera maître dans l’accompagnement des derniers instants d’une vie ternie par le sang et la folie. L’émotion qui illuminera cette scène est assez puissante.

La saison ne prend pourtant pas fin sur cet épisode. Les deux derniers mettent à mal le héros qui se retrouvera bloqué à Twin peaks sous le coup  de suspicion de ses supérieurs sur la légalité de son enquête.

Il se verra affublé d’un collègue chaperon et d’un agent des stups (un David Duchovny méconnaissable en travesti !).

Un autre mystère couve aussi dans la forêt attenante au village. Un militaire aux recherches obscures et top secrètes disparait dans un grand éclair blanc alors que Cooper tournait quelques instants le dos.

Le fantastique ne quittera surement pas cette deuxième partie de saison. Il y aussi le personnage de l’ex coéquipier de Cooper qui aurait déserté l’hôpital psychiatrique et s’amuse à envoyer des coups d’échec par pli à notre agent du FBI.

Même s’il n’a pas encore de visage à l’écran, il est à parier qu’il jouera un rôle important dans les suites de la série.

Je voudrai aussi parler du petit monde qui gravite autour de l’enquête. Tous ces personnages peuvent paraître anodins à première vue mais leur présence tempère un peu le côté noir de l’enquête principale.

On suivra donc les enjeux d’une scierie qui a été volontairement brûlée pour une question de possession terrienne, le retour à l’école d’une presque quarantenaire à la force surhumaine qui a régressé suite à une tentative de suicide ou encore ce couple illégitime qui garde à domicile un dangereux homme-légume pour toucher de l’assurance une somme très modique.

Cette deuxième saison maintient la barre de la qualité affichée dès les premiers épisodes de la série. Le final du premier arc est une toute grande réussite.

On aura même droit à l’apparition de David Lynch himself sur quelques épisodes. Le fan est véritablement gâté tant les ingrédients qui ont fait le succès de la saison 1 se retrouvent agréablement assaisonnés pour permettre au récit d’évoluer vers un épilogue à la hauteur. C’est vrai qu’on ne peut pas miser les yeux fermés sur la suite.

Les deux derniers épisodes qui essaient de faire rebondir la série après l’arrestation de Bob ne nous permettent pas de bien voir vers quelles eaux la série va voguer.

Vers un étirement inutile d’un concept fatigué ou bien  une inventivité étonnante qui ravirait les téléphages impatients ? Pour cela, il faudra attendre la vision du second coffret de la saison finale de Twin Peaks !!!!!

NOTE : 18 /20

Ber